Compte-rendu : Science Po Lausanne, et après ?

Compte-rendu : Science Po Lausanne, et après ?

Le vendredi 2 novembre 2018 a eu lieu la seconde édition de l’événement « Science Po Lausanne, et après ? », une table-ronde autour de laquelle des ancien·ne·s diplômé·e·s du Master de Science Politique de l’UNIL exposent leurs différents parcours professionnels depuis la fin de leurs études. Elle donne ainsi la possibilité aux étudiants d’échanger avec ceux-ci par la suite. Cette rencontre entre diplômé·e·s et étudiant·e·s permet de découvrir la grande variété des parcours et débouchés qui peuvent suivre une maîtrise de science politique à l’Université de Lausanne, et de répondre aux questions fréquemment posées sur les perspectives professionnelles après ce Master, l’utilité professionnelle des compétences développées dans ce cursus, ainsi que les apports personnels d’une telle formation.

Cet évènement a été organisé par l’IEPHI (Institut des études politiques, historiques et internationales), en collaboration avec le Décanat de la Faculté de Sciences Sociales et Politiques, ainsi qu’avec d’autres associations étudiantes : COSPOL (Comité de Science Politique Lausanne), l’AESSP (Association des étudiants en Sciences Sociales et Politiques) et l’ASSOPOL (Association des alumnis de Sciences Sociales et Politiques de l’UNIL).

Afin d’introduire le sujet, la directrice de l’IEPHI, Mme Mounia Bennani-Chraïbi, a présenté le Master de Science Politique proposé par l’Université de Lausanne. Celui-ci est partagé en trois orientations différentes : mondialisation ; politique et histoire internationale ; métiers politiques. Ces différentes orientations offrent une flexibilité très importante qui permet aux étudiants une formation plus adaptée à leurs intérêts personnels et/ou leurs goûts professionnels.  De plus, chacune des orientations permet une grande proximité entre les étudiants et les enseignants due aux classes de petits effectifs favorisant l’échange.

À la modération, nous retrouvons Aurélien Buffat, titulaire d’une licence de science politique à l’Unil obtenue en 2005 et d’un doctorat obtenu en 2011, qui avait déjà joué ce rôle lors de la première édition. Ancien chargé de cours et postdoctorant à l’IEPHI, il est actuellement employé de l’État de Vaud en tant que collaborateur détaché à la Présidence du Conseil d’État, au sein du Secrétariat général du Département des infrastructures et ressources humaines.

Au total, cinq intervenants sont venus témoigner de leurs parcours professionnels depuis la fin de leurs études en Science Politique, que nous vous restituons pour quatre d’entre eux, une intervenante ne souhaitant pas rendre publique de telles informations. Commençons donc par présenter le parcours d’ Emilie Graff, qui a obtenu sa licence en 2007. À la fin de ses études, elle a continué un CDI qu’elle avait déjà durant ses études en tant que serveuse à Satellite (bar de l’EPFL). Elle valorise beaucoup les emplois d’étudiants, souvent très formateurs pour la suite du parcours professionnel. À la suite de cet emploi, elle a enchaîné avec deux stages : le premier d’une année à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés. Le second à la section suisse d’Amnesty International à Berne. Cela lui a donc permis de s’améliorer au niveau des langues, mais aussi, lors du premier stage, d’acquérir nombre de connaissances de base pour le monde du travail (écrire des mails, organiser des ateliers, etc.). De même que Fanny B., elle a eu l’occasion de remplacer une dame en congé-maternité. Après une année et demi à la section suisse d’Amnesty International, elle a travaillé quelques mois à Lausanne à Terre des Hommes, mais elle est vite revenue à Berne pour un poste de cheffe du domaine politique du Conseil suisse des activités de Jeunesse, où elle a appris comment représenter un groupe social, en l’occurrence les jeunes, sur la scène fédérale, ce qui lui a énormément apporté dans le domaine politique. Elle y est restée quatre ans et demi. Ensuite, elle poursuivit sa carrière dans une autre ONG (Association suisse des travailleurs sociaux) pendant quatre ans où elle fut engagée en tant que co-secrétaire générale, cette fois pour porter la voix du groupe professionnel des travailleurs sociaux au niveau fédéral, ainsi qu’au niveau du canton de Berne. En parallèle, elle a pu occuper des fonctions au sein de la commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, une des commissions extra-parlementaires en début de processus législatif. Elle a été nommée par le Conseil fédéral il y a huit ans comme vice-présidente de cette commission, ce qui n’est pas vraiment un “emploi”,  mais plutôt une expérience extra-professionnelle très formatrice. À présent et depuis six mois, elle travaille dans l’administration publique à Genève, en tant qu’attachée aux fonctions intercantonale et fédérale du Département présidentiel du Canton et de la République de Genève. Il s’agit aussi de représenter les intérêts de Genève au niveau intercantonal et au niveau fédéral, ce qu’elle aime faire. Ils sont trois à ce poste et chargés de faire le lien entre la politique fédérale et la politique cantonale. Elle ajoute que le fil rouge de son parcours professionnel, les droits humains et la représentation des intérêts, n’a pu être défini que rétrospectivement car les postulations à des emplois et leurs obtentions sont souvent hasardeuses et pas toujours en fonction des intérêts immédiats.

Quant à Pablo Andres Diaz, diplômé en 2009 d’une licence en orientation mondialisation, bien qu’il ait choisi ces études dans le but de travailler dans des ONG et/ou organisations internationales, il s’est finalement dirigé vers la recherche. Ayant eu l’occasion de travailler dans le cadre de projets financés par le Fonds national pour la recherche scientifique suisse, Pablo Diaz évoque la satisfaction de découvrir en pratique tout le sens des cours de méthodologie présents dans le cursus de science politique. Il a alors réalisé une thèse, qui a duré sept ans, durant laquelle il avait un statut d’assistant-étudiant, comprenant bien entendu des charges d’enseignements qui lui ont aussi beaucoup apporté. Il a poursuivi son parcours professionnel en étant assistant en Relations internationales à l’UNIGE. Après avoir conclu sa thèse, il a été engagé chez FORS, où il travaille sur les conditions d’archivage et la gestion des données, en tant que chargé de recherche. À côté de cela, il continue de faire des recherches personnelles et a monté avec une équipe un projet de recherche sur les ONG genevoises, démontrant ainsi qu’il reste possible de relier plusieurs sujets d’intérêt.

Etienne Kocher est lui aussi diplômé du Master orientation mondialisation obtenu en 2014. Comme Emilie, il a fait beaucoup de choses en parallèle de ses études qui lui ont été utiles après, notamment un travail comme assistant à la RTS l’ayant aidé à avoir son emploi actuel. Il était aussi assez actif sur le campus dans des associations. À la fin de ses études, il a fait six mois de service civil dans les archives de Terre des Hommes, bonne opportunité car on peut considérer cela comme un stage mais rémunéré. Simultanément, il a postulé au concours d’entrée à la RTS, qu’il a réussi. Il précise – chose importante – qu’il n’est pas forcément nécessaire de suivre le Master de Journalisme à Neuchâtel pour devenir journaliste. Il a dû faire deux années de stage RP avec des cours, dans le cadre de la RTS. Il a travaillé dans plusieurs rubriques, dans la rédaction de l’actualité pour la radio, la rubrique internationale, la rubrique politique à Berne, etc. Après ces deux années, il a fait une pause afin de terminer son service civil, six mois à l’Office de l’environnement à Berne, dans la communication, où il a pu apprendre – véritablement – l’allemand. Après le service civil, il est retourné à la RTS où il a été engagé il y a de cela six mois avec un CDI comme journaliste radio correspondant pour le canton de Neuchâtel. C’est un travail très enrichissant et intéressant, car les sujets se renouvellent perpétuellement. À côté de cet emploi à 80%, il a toujours un pied dans les associations.

Le dernier intervenant, Gregory Patthey, est diplômé de la volée de 2010. Avant d’entrer à l’Université, Gregory Patthey avait fait un apprentissage l’ayant amené à travailler dans les assurances maladies. À l’université, il a participé à la vie estudiantine au travers d’associations, puis a eu son premier poste à l’université en tant qu’assistant-étudiant, grâce auquel il a appris la “communication”, ou plus précisément à parler devant un public divers et varié, à construire ses interventions, etc. Lors de son Master, un stage de terrain l’a amené au Maroc, où il a pu rencontrer des personnes qui l’ont ultérieurement permis de trouver un poste de travail. Il avait travaillé à l’UNIL sur un projet de mise en place des masters pendant une année, en tant que coordinateur de projet. Il s’agissait de recherche scientifique, mais aussi de gestion de projets. Après ses études en Science Politique, il a voulu faire un deuxième Master en HEC, mais n’ayant pas été reçu, il a dû faire une année de remise à niveau. Il a beaucoup appris à propos du marketing, du digital et de la communication. Il s’est alors lancé dans la gestion de projet et a décroché un CDD à la HESSO, un emploi nécessitant organisation et communication, mais aussi des connaissances dans le domaine digital. Il a pris goût pour ce qui touche à ce domaine et a alors passé un diplôme certifiant son aptitude en la matière, bien qu’il avait déjà acquis de nombreuses connaissances lors de ses emplois et expériences précédents. Il a ensuite lancé une boîte de consulting qui n’a pas bien fonctionné car il n’y avait pas assez de personnel, mais cela reste tout de même une bonne expérience. Après cela, il est parti dans la gestion de projet web, et s’est spécialisé dans les réseaux sociaux et la création de contenu. Ce qu’il fait maintenant consiste en beaucoup de démarchage, de réseautage pour chercher des mandats, mais aussi beaucoup de travail de veille, c’est-à-dire se tenir à jour dans un monde en évolution perpétuelle. Il va aussi beaucoup sur le terrain, pour faire des interviews, photos, etc. et passe beaucoup de temps en post-production. Une autre partie de son temps est actuellement consacrée au personal training.

La table-ronde a suivi par des questions-réponses, notamment à propos des salaires, qu’ils disent dépendre du statut au sein d’une institution (stagiaire, assistant, adjoint, secrétaire général, etc.), mais aussi du canton, du secteur public ou privé ou encore s’il s’agit d’une ONG. Les intervenants n’excluent pas de trouver un emploi après le Bachelor, surtout des stages (certains précisent d’ailleurs que les stages et les remplacements de congés-maternité sont de très belles opportunités d’entrée dans le monde professionnel), même si cela n’est pas toujours évident. Le Master en Science Politique promet des apprentissages très utiles pour le parcours professionnel, à savoir le développement d’un esprit de synthèse et la perspicacité dans le travail, la capacité de réflexion et de construction d’un argument, le développement d’une certaine polyvalence à des milieux très différents, mais aussi le développement de ses propres idées et de la capacité de remise en question. À titre personnel, les intervenants ont particulièrement apprécié la vie estudiantine dans un campus toujours en mouvement. Il n’est pas rare de recroiser ces enseignant·e·s et étudiant·e·s rencontré·e·s dans ce climat particulièrement favorable à l’échange, parfois même lors d’un emploi futur dans des domaines bien différents.

Solène Barbe

À propos de COSPOL

COSPOL est le comité science politique de l’Université de Lausanne regroupant les étudiant-e-s en science politique. Si l’objectif initial de l’association consistait à développer la vie estudiantine et sa cohésion interne, COSPOL dispose aujourd’hui de l’envergure nécessaire pour se fixer des objectifs supplémentaires. Bien évidemment, nous envisageons de poursuivre notre engagement dans le soutien des étudiant-e-s, et ce afin de favoriser le contact entre les pairs, non seulement par le biais du parrainage, mais aussi à travers l’organisation de cafés politiques et de conférences. Néanmoins le comité science politique de l’UNIL ambitionne de diversifier ses domaines d’activités. Intimement convaincus de la capacité des étudiant-e-s à contribuer de manière constructive au débat public, nous souhaitons favoriser cette entreprise par le biais de cette plateforme multimédia. Dès lors, la parole est offerte à quiconque aurait le désir de s’exprimer, et ce quelle que soit la forme que prend la substance du message. En effet, l’expression culturelle étant chère à nos yeux, nous vous encourageons, vous les étudiant-e-s, à profiter de cette tribune qui vous est offerte et ainsi de prendre plume, crayon, micro et caméra afin de donner libre cours à vos pensées. COSPOL se veut apolitique et ne sert par conséquent que de relais à tout individu enthousiasmé par l’idée de partager ses vues, dans la mesure où celles-ci relèvent d’une posture réflexive, informée et équilibrée. C’est pourquoi, il est attendu de la part des auteurs d’inscrire leur travail dans une démarche sérieuse présentant une certaine rigueur, tout en astreignant leurs productions aux limites de la tolérance et du respect de chacun. L’enjeu principal réside dans l’engagement d’un processus de production critique propre à la science politique, et plus généralement aux sciences sociales, visant une rupture avec le sens commun. Ainsi, les supports hétéroclites dont nous encourageons l’usage incitent à la diversification des modes d’expression et semblent pouvoir contribuer à la confrontation des idées, ce que nous croyons indispensable en vue d’adopter un regard prudent face au monde social, nécessaire à toute analyse lucide des phénomènes sociaux. Dans cette perspective, nous invitons les étudiant-e-s en science politique de l’UNIL à faire usage et à développer les outils analytiques et le sens critique qui leur sont enseignés afin de contribuer au progrès de la pensée collective. Au demeurant, si l’engagement est avant tout attendu de la part des étudiant-e-s de l’Université de Lausanne, nous encourageons avec ferveur les autres acteurs du monde social et académique à prendre part au projet. Nous nous réjouissons par ailleurs de saisir la chance qui nous est aujourd’hui offerte grâce aux outils technologiques, de tisser des liens de nature intellectuelle et solidaire avec d’autres étudiants sous diverses latitudes, prompte à dégager une approche tant plurielle que pluridisciplinaire.

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